Monde du vin

Lafleur au fusil

01/09/2025

C’est une courte lettre qui aura fait beaucoup de bruit. La famille Guinaudeau, propriétaire de Château Lafleur (4,5 hectares contigus à Petrus), a fait savoir qu’elle ne revendiquera plus l’appellation Pomerol à partir du millésime 2025. Concrètement, Lafleur n’aura donc plus le droit d’utiliser le terme « Château » (réservé aux vins AOP) et sera étiqueté en tant que simple Vin de France, mais il ne sera plus tenu d'appliquer le cahier des charges contraignant de l'appellation.

« Notre climat change vite et fort. […] Nous devons nous adapter, réfléchir et, concrètement, agir. Dans les faits, nous évoluons dans les choix de conduite de nos vignes plus rapidement que ne l'autorisent nos systèmes d'appellations d'origines contrôlées ». De fait, s’affranchir des contraintes de l’appellation ouvre le champ des possibles pour s’adapter au réchauffement climatique : diminution de la densité de plantation en fonction de la réserve en eau utile, limitation de la hauteur de feuillage pour diminuer l'évapo-transpiration, recours à l’irrigation pour protéger les plants les plus sensibles, ombrage ponctuel des vignes, paillage au sol pour limiter l'évaporation…

Si Lafleur est à ce jour une exception parmi les grands crus bordelais, il n’est pas le premier à renoncer à son appellation pour gagner en souplesse technique. C’est par exemple le cas des domaines Abbatucci (en Corse), ou de Didier Dagueneau et Les Poëte (en Loire). Mais, alors que les bouteilles de Lafleur s'achètent aujourd'hui pour plusieurs centaines d'euros, il sera intéressant de suivre l’évolution des prix sur le marché secondaire pour juger de la "valeur réelle" de la dénomination Château et de l'AOC.

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Les records sont faits pour être battus... en Bourgogne

17/07/2025

Une nouvelle transaction viticole hors norme vient d'avoir lieu en Bourgogne. 10 ares, soit 1000 m², du grand cru Chevalier-Montrachet appartenant au domaine Vincent Dancer ont été acquises par LVMH au prix de... 11 millions d'euros pour la seule nue-propriété.

Ce qui correspond à un montant global (nue-propriété + usufruit) de 120 millions d'euros l'hectare pour une parcelle d'à peine 2 ouvrées d'un grand cru blanc certes qualitatif mais moins prestigieux que le Montrachet.

Dans l'hypothèse d'un rendement du capital investi de 5% par an et d'une récolte de 45 hl/ha, les frais financiers s'élèveront à 1000 euros par bouteille, auxquels il faudra ajouter a minima les coûts de production (50 euros ? par bouteille) et de marketing LVMH (?). Le prix des plus grands bourgognes, rouges ou blancs, n'est pas prêt de baisser...

Pour mémoire, le prix d'une parcelle d'un hectare des meilleurs terroirs de Pauillac ou Saint-Émilion s'élève au maximum à 3-4 millions d'euros.

Vieilles vignes

30/06/2025

Contrairement aux mentions obligatoires (degré d'alcool, AOP...), la mention "Vieilles Vignes" était jusqu'à présent laissée à la libre interprétation des vignerons.

Pour lever toute ambigüité (et lutter contre des pratiques commerciales trompeuses), le comité national des vins AOP a adopté la définition proposée par l'OIV (Organisation Internationale de la Vigne et du Vin) : pour voir figurer la mention "Vieilles Vignes" sur son étiquette, un vin doit provenir de parcelles composées au minimum de 85% de vignes de 35 ans ou plus.