Éditorial

Éditorial 15 avril 2024

Baisse des prix sur les plus grands crus

Ce nouveau catalogue "Printemps-Été 2024" comporte, comme d'habitude, son lot de nouveautés mais aussi, et c'est plus inhabituel, des prix en baisse.

Dans les vins d'entrée de gamme, la baisse des prix est connue et inéluctable depuis une bonne dizaine d'années, conséquence de l'élargissement des surfaces plantées en vignes depuis 40 ans en regard d'une diminution de la consommation de vin chez les jeunes consommateurs (20-40 ans) du monde entier.

Le fait inattendu est une succession d'événements, simultanés quoique non liés, qui se conjuguent aujourd'hui et ralentissent la demande mondiale de grands vins :

• le très net coup de frein de la demande chinoise jusque-là si avide de grands crus. Pour plusieurs raisons (mauvaise gestion du Covid, crise économique et immobilière, hausse de la production viticole locale, moindre influence de Hong-Kong...), le marché chinois s'est retourné, estimé pour les vins français être maintenant à un tiers de ce qu'il était en 2019, et ce sans perspective haussière à court terme.

• les événements géopolitiques mondiaux (conflits en cours, tension USA-Chine, éventuel retour des taxes Trump...) qui contrarient voire empêchent (Russie) le commerce en général et notamment celui du vin.

• l'Europe, marché traditionnel, qui ne peut compenser la baisse des marchés du grand export du fait d'une économie plus ou moins stagnante (et d'un Royaume-Uni empêtré dans les suites de son Brexit).

Pour les grands vins, la baisse de la demande se traduit par une baisse des prix, d'autant plus marquée pour les crus les plus chers et les plus spéculatifs. Avec en premier lieu, le prix des plus grands Bourgognes (d'Auvenay, La Romanée- Conti...) dont les prix échappaient à toute logique. La vente des Hospices de Beaune l'a confirmé en novembre dernier avec une baisse constatée de 15% sur le prix moyen de la pièce de 228 litres.

À Bordeaux, nous voyons depuis 6 mois le prix des 1ers grands crus classés baisser graduellement de 5% à 15% selon les crus et leur exposition sur le marché asiatique (cf. Lafite-Rothschild), tandis que le prix des autres grands crus classés s'érode de quelques pourcents voire reste stable.

Si notre rôle est de sélectionner et commenter les vins, il est aussi de vous faire part des évolutions de marché. Ainsi, nous n'avons pas manqué de répercuter dans ce catalogue la tendance actuelle, avec des baisses assez sensibles sur certaines bouteilles :
   -18% pour Lafite-Rothschild 1999,
   -17% pour Carruades de Lafite 2019,
   -14% pour Suduiraut 2016,
   -12% pour La Conseillante 2009,
   -11% pour Haut-Brion rouge 2018,
   -10% pour Canon 2018,
   -  9% pour Ducru-Beaucaillou 2010,
   -  8% pour Haut-Bailly 2020...

Dans ce contexte, nul n'est en mesure de prévoir le périmètre, la durée et l'ampleur de la baisse du prix des grands vins et nous ne sommes pas à l'abri d'une bonne surprise lors de la prochaine campagne "Primeurs 2023". Réponse d'ici début mai.

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Bordeaux millésime 2021

Tous les Bordeaux 2021 étant maintenant mis en bouteilles et disponibles, la présence de ce millésime dans nos colonnes se renforce avec la sélection de 26 grands crus rouges supplémentaires tels Domaine de Chevalier, Giscours, Malescot-Saint-Exupéry, Léoville-Poyferré, Pontet-Canet, Mouton-Rothschild, La Conseillante, Le Pin, Figeac, etc.

Comme nous l'avions écrit à l'automne dernier, 2021 ressemble aux derniers millésimes bordelais classiques, 2014 et 2008, en plus précis, plus velouté et plus séduisant. Le côté "plus velouté et plus séduisant" a pu être chez certains renforcé par l'adjonction d'un peu (dans la limite autorisée de 15%) de 2022 plus solaire. Quoi de mieux qu'un peu de 2022 pour enrichir et arrondir une cuve de 2021 ? Inversement, quoi de mieux qu'un peu de 2021 pour alléger et vivifier la richesse d'une cuve de 2022 ?

Les deux dégustateurs de Vinous, Antonio Galloni et Neal Martin, viennent de livrer leur verdict des Bordeaux 2021 après mise en bouteille. Autant leurs notes que leurs commentaires mettent en évidence les indéniables qualités de fraîcheur, d'équilibre et d'alcool contenu du millésime 2021.

Ils ont aussi donné chacun 12 crus qui, s'ils ne sont pas au sommet de la hiérarchie bordelaise, sont pour eux "parmi les valeurs les plus sûres". Vous retrouverez plusieurs d'entre eux dans notre sélection actuelle :

• pour Antonio Galloni : La Dauphine (Fronsac), Couhins (Pessac-Léognan rouge), Durfort-Vivens (Margaux), Clos Saint-Julien (Saint-Émilion)

• pour Neal Martin : Dalem (Fronsac), Les Cruzelles (Lalande de Pomerol), Clos Manou (Médoc), Deyrem-Valentin (Margaux), Petit Gravet Aîné (Saint-Émilion)

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Offres Dégustation

Les Offres Dégustation en pages centrales vous proposent cette saison un blanc de Bourgogne et trois rouges de Bordeaux, chacun avec un prix remisé :

• Domaine Pommier Petit-Chablis 2022 bio, le premier vin du domaine Pommier, sacré "Meilleur vigneron 2023" par la revue Bourgogne Aujourd'hui, un très beau chardonnay à 17,50 € la bouteille.

Château Saint-Pierre 2017, le cru classé le plus discret de Saint-Julien mais qui offre dans ce millésime le soyeux et le charnu caractéristiques de l'appellation, à 45,00 € la bouteille.

Château Léoville-Poyferré 2015, considéré par de nombreux critiques (Revue du Vin de France, A. Galloni) comme un des vins du millésime, à 108,00 € la bouteille.

Chapelle d'Ausone 2020, un hectare sur les sept du Château Ausone est consacré à l'élaboration du second vin, quasi clone du grand vin en 2020 pour le cinquième du prix, à 165,00 € la bouteille.

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Nouveaux domaines

Nous sommes ravis d'accueillir pour la première fois dans nos colonnes 4 nouveaux domaines :
Domaine de Pécoula à Monbazillac, pour sa cuvée Millénaire 2021, 80% sémillon et 20% muscadelle, élevée uniquement en cuve et avec un taux d'alcool contenu à 12,5°. Une magnifique palette aromatique axée sur les fruits frais (abricot, coing, ananas...), récompensée par une médaille d'Or au concours général de Paris et à seulement 16,00 € TTC la bouteille.
 
• Domaine Trouillet en Mâconnais, domaine familial de 19,5 ha, réparti sur les meilleures appellations du mâconnais : Mâcon-Solutré, Pouilly-Fuissé, Pouilly Loché, Pouilly Vinzelles et Saint-Véran. Avec la volonté de produire de grands blancs à la minéralité affirmée mais toujours lovés dans une chair ample et dense. Des vins généreux et immédiatement séducteurs, au rapport qualité/prix/plaisir garanti !

• Domaine Didier Amiot en Côte de Nuits,nouveau domaine de 3,2 ha sur Gevrey, Morey et Chambolle issu du partage du domaine Pierre Amiot avec son frère Jean-Louis en 2020. Le fil rouge de Didier Amiot est de produire des vins toujours séduisants, au fruité spontané, charnus avec des textures soyeuses. Contrat parfaitement rempli dès son deuxième millésime (2021), dans lequel nous vous proposons deux villages (Morey et Gevrey) et deux 1ers crus (Chambolle et Gevrey).
 
Domaine Pignier en Jura, domaine familial de 14 ha, aussi traditionnel (dans la famille Pignier depuis 1794) qu'avant-gardiste (cultivé en biodynamie dès 1998, certifié Demeter depuis 2003).  Toute la gamme exprime au mieux les qualités de pureté, spontanéité et authenticité qui font le succès actuel des vins du Jura. Nous proposons cette saison 2 blancs ouillés (gamay blanc et savagnin), un blanc sous voile (savagnin) et un rouge (trousseau).
 
Mais aussi de retrouver 3 domaines absents ces derniers temps faute de stock, victimes soit de leur succès, soit des aléas climatiques récents :
 
Domaine Laurent Roumier en Côte de Nuits. Si le domaine Georges Roumier est un des plus connus de la Côte de Nuits, le domaine Laurent Roumier brille au contraire par sa discrétion. Pourtant, Laurent Roumier est un des petits-fils de Georges, à la tête d'un beau patrimoine viticole, 12 ha de vieilles vignes (40 ans) en quasi totalité sur Chambolle-Musigny. Ses vins savent être gourmands tout en restant fins et distingués, avec un élevage savamment dosé. Prix des plus raisonnables (pour l'appellation).
 
Domaine Friedrich Becker en Palatinat (Allemagne), au ras de la frontière nord de l'Alsace. Paradoxalement, cette région autour de Wissembourg est davantage réputée pour ses pinots noirs que pour ses rieslings. Abritée des perturbations atlantiques par le nord des Vosges et sur un sous-sol de calcaire coquillé, la région autour de Wissembourg offre un excellent terroir pour le pinot, rendu encore plus favorable avec le réchauffement climatique. Les vins du domaine Becker ont la profondeur, la richesse et la distinction aromatique des pinots parfaitement mûrs tout en restant élégants. Et ne craignent pas la comparaison à prix équivalents avec les 1ers crus de la Côte d'Or.

Flor de Pingus et PSI en Ribera del Duero (Espagne), deux vins qui ont grandement participé à la réputation mondiale du génial Peter Sisseck. Le rapport qualité/prix du PSI 2021 n'est pas excellent, il est juste incroyable : 25,00 € la bouteille, noté 96/100 et arrivé 6ème ex aequo de la grande dégustation des Ribera del Duero (plus de 300 vins notés) de Vinous, à égalité avec notamment le Vega Sicilia Unico Reserva Especial à 400-500 € la bouteille. Pour information, cette dégustation a été remportée par le seul vin noté 98/100 : Pingus 2021 !

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