Monde du vin

Le résultat des élections américaines, a priori d'ici 8 jours... ou pas avant plusieurs semaines en cas de contestation et d'interminables recomptages, va être déterminant pour l'avenir du monde vin à court et moyen terme, en Amérique et bien au-delà.

Si Kamala Harris l'emporte :

- la crainte des producteurs et distributeurs américains est le retour d'une prohibition 2.0 à l'occasion de la révision des directives alimentaires américaines prévue en 2025. L'administration Biden a déjà entamé la rédaction de directives sur le niveau d'alcool recommandé aux adultes et les politiques limitatives voire répressives en la matière ont toujours été plus sûrement le fait des démocrates que des républicains.

- ses intentions concernant l'alcool ne sont pas connues mais, originaire du nord de la Californie, il est de notoriété publique qu'elle aime le vin et a déjà fait partie d'un club d'amateurs de vin à Aladena (Californie). Les partisans républicains ont d'ailleurs posté et reposté sur Internet toutes les photos trouvées où elle tient un verre de vin, en prétendant qu'elle était alcoolique.

Si Donald Trump l'emporte :

- lors de son 1er mandat, M. Trump avait décidé d'une taxe de 25% sur les vins français, allemands et espagnols, ainsi que les spiritueux anglais. Pour son second mandat, il a déjà annoncé le retour de droits de douane spécifiques sur les produits européens, de 15% a minima mais pouvant aller jusqu'à 100%. Pour la petite histoire, l'US Wine Trade Alliance s'en est déjà émue, indiquant que ces taxes avaient eu un impact négatif et significatif sur l'activité des importateurs/grossistes/détaillants américains.

- les craintes du secteur viti-vinicole américain portent également sur la main d'œuvre accessible. La politique résolument anti-immigration des républicains pose question à tous les agriculteurs et en particulier aux viticulteurs qui savent que le vin californien n'existerait pas sans les travailleurs mexicains.

Agreste (Ministère de l'Agriculture) vient de publier son bilan annuel 2023/2024, sachant que l'année viticole court du 1er août au 31 juillet suivant.

Nous vous livrons leurs chiffres et observations pour les vins français d'appellation d'origine protégée (A.O.P.) :

- la production 2023 (19,4 Mhl) est identique à celle de 2022 (19,6 Mhl) et à la moyenne 2018-2022 (19,3 Mhl),

- les stocks chez les producteurs sont en légère augmentation (+2%),

- les exportations sont en repli depuis août 2023, aussi bien en volume (-16%) qu'en valeur (-12%) : Chine (-32% en valeur), Japon (-20%), Royaume-Uni (-11%), U.S.A. (-7%)...

- les prix à la production refluent également : -13% par rapport à 2022, -9% par rapport à la moyenne 2018-2022 (et sans tenir compte de l'inflation actuelle). Ceci pour toutes les appellations sauf la Champagne qui, elle, a vu ses prix progresser de +10% (!).

Agreste livre plusieurs explications à cette situation préoccupante, tout en notant qu'elle est néanmoins moins défavorable pour les vins d'A.O.P. que pour les autres :

- la fin de la dynamique de rattrapage d'après-Covid qui a prévalu ces deux dernières années,

- les circonstances économiques, notamment les tensions inflationnistes, qui affectent le commerce mondial (auxquelles nous ajoutons les événements géopolitiques en cours),

- une tendance à la baisse de la consommation, comme par exemple en France, des vins contrairement aux autres boissons alcoolisées telles la bière.

Comme chaque année La Revue du Vin de France récompense celles et ceux qui font vivre le vin.

Cette année c'est Claire Villars Lurton qui est nommée « Vigneronne de l’Année », pour l'ensemble de son travail et son engagement dans la biodynamie. Sur ses propriétés Ferrière et Haut-Bages Libéral, elle conduit la viticulture sans agents chimiques depuis plus de 20 ans, en préférant miser sur une meilleur biodiversité grâce à un travail minimal des sols, l'utilisation de couverts végétaux et l'agroforesterie. Bravo !